Bonjour à toutes et tous, merci d’être présents en ce jour de mauvais temps.
Je voudrais excuser quelques personnes déjà retenues par d’autres obligations, M. Gest Président d’Amiens Métropole, M. Ruffin député de la Somme, M. Haussoullier président du Département de la Somme, Mme Margaux DELETRE, Mme Laurie GRZECHNIK Consule Honoraire de Pologne, M. DEROGY, président de l’ESCL Omnisports.
Pourquoi cette fresque ??? J’ai souhaité à la suite de la recherche de photographies et de documents, organisée de concert avec le Collectif Polonia Hauts de France, finaliser le centenaire de l’arrivée massive des Polonais en France. Notez que les photographies et documents sont tous numérisés et classés de façon académique par une chercheuse de la faculté de Rennes. Ils seront transmis aux archives nationales polonaises de Varsovie et le Collectif compte en sortir une brochure. Vous pourrez en apprécier un des tryptiques créé pour présentation au public.
Après les diverses et nombreuses cérémonies organisées dans le Nord et le Pas de Calais qui ont accueilli la majorité des immigrants pour les travaux dans les mines, il m’est apparu nécessaire de commémorer les agriculteurs arrivés très nombreux en Picardie.
De quatre ans de combats, la France sort victorieuse mais exsangue : un million quatre cent mille morts, de nombreux mutilés inaptes à reprendre le travail. Le pays éprouve un besoin immédiat de main-d’œuvre supplémentaire. Vu l’importance de l’enjeu, l’Etat prend l’initiative de s’adresser aux gouvernements de pays alliés ou amis : la Pologne qui vient de renaître en tant qu’Etat indépendant, mais aussi l’Italie et la toute jeune Tchécoslovaquie.
Le 3 septembre 1919, Paris signe avec Varsovie une convention d’émigration/immigration. Des contrats de travail d’un an vont lier des ouvriers et ceux qui les engagent. La France obtient le droit d’effectuer le recrutement en Pologne même, dans des centres de regroupements ouverts à cet effet.
Administrateurs, personnel médical, représentants du patronat sont tous français. Les médecins chargés de la sélection éliminent les malades, les souffreteux. Des convois ferroviaires de 600 à 800 personnes mènent à travers l’Allemagne ceux qui ont été acceptés.
Par rapport à l’avant-guerre, la convention d’immigration introduit des clauses qui constituent un progrès. En particulier, les étrangers devront recevoir une rémunération égale à celle des nationaux de même catégorie. Ce principe trouve ses limites dans l’agriculture, surtout si le petit propriétaire exploitant ne se fait aider que d’un seul valet ou d’une seule domestique de ferme. Car tout est codifié : le salaire du vacher dépasse celui du bouvier, lui-même supérieur à celui de "l’homme à toute main" ; les garçons de 16 à 18 ans gagnent moins que les adultes et les femmes encore moins.
Dans les années 1920, environ 700 000 Polonais arrivent en France à la suite du recrutement fait directement en Pologne par la "Mission française pour le Recrutement de la Main d’œuvre en Pologne" puis à partir de 1924 par la société privée unique "Société Générale d’Immigration au service du patronat qui réalise de confortables bénéfices La première année les trains se forment à Varsovie, puis à Poznan et à partir de 1924 à Mysłowice en Haute Silésie. De l'autre côté, les travailleurs sont accueillis en Lorraine dans le "Dépôt de travailleurs étrangers de Toul", le passage obligé de la main d'œuvre polonaise en France. Dans un premier temps, il s'agit principalement de paysans sans formation autre qu'agricole, auxquels se rajoutent, à partir de 1922, des mineurs polonais formés en Allemagne.
En six ans, de 1920 à 1925 inclus, 72 000 ouvriers agricoles polonais (selon Janine Ponty) entrent officiellement en France, soit un tiers de tous ceux qui arrivent (les deux autres tiers sont affectés aux mines ou à l’industrie lourde). Si les Polonais affectés aux mines ou à l’industrie arrivent en train via l’Allemagne, les agriculteurs rassemblés à Poznan arrivent en bateau de Gdansk à Dunkerque ou en train via Berlin et Toul puis le train les emmène à Amiens...
L’historienne relate que sur presque tout le territoire, des régions de grande culture comme le Soissonnais aux terres pauvres du Massif central, leur vie est si pénible que, le contrat d’un an honoré, beaucoup se dirigent vers une des petites Pologne minières où, après l’isolement et les horaires infernaux qu’ils ont connu à la campagne, règne une atmosphère chaleureuse, de meilleurs salaires et des horaires fixes. Si bien, qu’au recensement général de la population de 1926 n’en totalise que 28 000, soit une énorme déperdition, liée à une mobilité incessante. Il faut donc sans cesse poursuivre le recrutement.
J’évoquerais rapidement le cas des familles Tworowski, Skora et Filipiak (tous parents) partis de Rzegocin, à côté de Poznan, qui ont transité via Gdansk pour venir œuvrer pour les deux premières à Guillaucourt avant de joindre les Charentes tandis que les Filipiak sont restés à Oignies en travaillant pour la mine.
La fresque, que vous découvrez, est l’œuvre d’un graffeur local dénommé Aubin qui a bien compris notre demande et je l’en remercie une nouvelle fois.
Après ce voyage en bateau et ou en train, nos ancêtres ont découvert des paysages ravagés par les durs combats qui ont refaçonnés villages et terres agricoles. Ces besogneux ont rendu les terres fécondes et il était de notre devoir de les remercier…
Mes remerciements vont aussi à la Fondation KADR, représentés ici par M. Maciej KOKOWSKA , ainsi qu’au ministère des Affaires Etrangères de la Pologne.
Je cède la parole à (M. OSZCAK Président du Collectif Polonia Hauts de France, M. Ourdouillé Maire de Longueau, M. Szydlo Consul Général de l’Ambassade de Pologne à Paris, et à Maciej grâce à qui cela est possible…)